Filippo Lombardi : CS est une plateforme d’échange pour la branche
En tant que président de KS/CS Communication Suisse, le conseiller aux États Filippo Lombardi occupe depuis près de dix ans le rang le plus élevé du secteur de la publicité dans notre pays. Collaboration avec de nouvelles conseillères fédérales, engagement du premier secrétaire général de l’association ou encore lobbying au Parlement : Filippo Lombardi travaille sur tous les fronts.
Depuis le 1er janvier 2019, le parti socialiste est à la tête du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC). Pouvez-vous nous dire quelles seront les conséquences sur le service public ou sur la loi sur les médias électroniques ?
Je ne m’attends pas à des changements de direction majeurs, du moins pas au début du mandat de Simonetta Sommaruga. En effet, un département est un peu comme un « gros navire » : il ne peut pas effectuer de manœuvres rapides… En revanche, je pense qu’une plus grande attention sera accordée au service public. Le PS a toujours plaidé en faveur d’une large reconnaissance des médias de toutes sortes. En ce qui concerne le projet de loi sur les médias électroniques, il faudra voir quel en sera l’impact, mais nous n’en saurons pas davantage avant la consultation prévue en fin d’année.
Vous connaissez bien la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. D’après votre expérience, quel est le point de vue de la nouvelle directrice du DETEC sur la communication ?
En effet, nous avons collaboré au sein de différentes commissions et je l’apprécie tout particulièrement. Je ne pense pas que Mme Sommaruga soit contre la publicité. Sa casquette d’ancienne présidente de la Fondation suisse pour la protection des consommateurs lui apportera probablement un regard plus orienté sur la cible. Notre travail sera de lui démontrer que la communication commerciale est aussi au service des consommateurs.
Jusqu’ici, c’est Doris Leuthard – ancienne présidente de votre parti (PDC) – qui était à la tête du département. Qu’en sera-t-il de vos rapports avec le DETEC à présent ?
Même si notre relation a toujours été très amicale, cela ne signifie pas que nous étions d’accord sur tous les points. Mme Leuthard avait un caractère résolu et ne se laissait pas facilement convaincre après s’être fait une opinion. Comme je vous le disais, j’ai beaucoup d’estime pour Simonetta Sommaruga et je suppose que notre collaboration se déroulera tout aussi bien.
KS/CS Communication Suisse recherche un/e secrétaire général/e. Quelle est la raison de la création de ce poste ?
Ce choix est avant tout motivé par les défis qui occupent les médias en ce moment et auxquels le secteur de la communication n’échappe pas. Si nous voulons remplir notre rôle d’association faîtière de l’ensemble de la branche en ces temps difficiles, nous devons œuvrer à rassembler tous les acteurs du marché. Cela nécessite, entre autres, des efforts politiques plus soutenus en faveur de la publicité et des médias, ainsi qu’une présence accrue auprès du grand public.
Et quelles seront ses tâches particulières ?
Le secrétaire général se doit d’être un chef de file et un bâtisseur de ponts pour l’ensemble de la profession. Il a également pour mission de bien faire comprendre la raison d’être de KS/CS Communication Suisse, d’améliorer la visibilité de l’association faîtière et de la positionner plus clairement vis-à-vis des organisations sectorielles.
Revenons à vous. En tant que président de KS/CS Communication Suisse, vous occupez depuis près de dix ans le rang le plus élevé de la publicité du pays : avez-vous atteint vos objectifs ?
Généralement, oui. Le paysage de la communication et des médias a énormément changé ces dernières années et cette transformation exige que nous réajustions constamment nos objectifs. Mais nous avons certainement gagné plus de points que nous en avons perdu.
Quels ont été vos plus grands succès ?
Je dirais probablement l’intégration de toutes les régions linguistiques au sein de l’association, l’efficacité améliorée de son organisation, et le soutien plus large apporté à la branche. Nous avons également pu célébrer plusieurs succès sur le plan politique, parmi lesquels le renvoi de la loi sur la prévention, l’interdiction de la publicité pour la bière et le vin dans les médias électroniques évitée de peu, ou encore la solution apportée par la branche dans la loi sur le crédit à la consommation (LCC). De nombreuses restrictions de publicité ont ainsi pu être évitées. Et n’oublions pas le renforcement de la Commission Suisse pour la Loyauté (CSL), unanimement reconnue comme l’institution d’autorégulation de la branche, et qui fait désormais office d’organe de contrôle au sein de la LCC.
Et votre plus grande déception ?
Malgré de nombreuses années d’efforts intensifs, nous n’avons toujours pas réussi à trouver une solution satisfaisante pour financer la CSL. Compte tenu de son importance pour l’ensemble de la branche, je ne comprends pas pourquoi tous ses acteurs n’y participent pas. Je suis aussi déçu que notre engagement en faveur de la publicité ait si peu de résonance dans les médias alors que ces derniers en dépendent pour prospérer. Enfin, nous pouvons certainement améliorer encore notre collaboration avec chaque association sectorielle.
La lutte contre les interdictions de publicité revient parfois à se battre contre des moulins à vent. Quel est le secret de votre intarissable motivation ?
En politique, de manière générale, il faut sans cesse se battre contre les moulins à vent qui apparaissent constamment. Mon credo est de défendre une société libérale, qui ne soit pas condescendante envers ses citoyens. Je suis donc toujours motivé à lutter contre les interdictions de publicité inutiles, qui vont souvent bien trop loin par rapport au but visé. Toujours en suivant ce credo : ce que l’on peut acheter librement doit pouvoir être promu librement.
Depuis 2010, l’intergroupe parlementaire « Médias et Communication commerciale » – que vous présidez aux côtés de Natalie Rickli et Matthias Aebischer – s’efforce de sensibiliser les responsables politiques et les autorités aux préoccupations de la profession. Votre bilan ?
Après quelques difficultés initiales, nos déjeuners en collaboration avec l’association Schweizer Medien (VSM) ont assurément permis de mieux faire comprendre nos préoccupations aux responsables politiques et de départements. Sachant que près d’un tiers des parlementaires sont réélus tous les quatre ans, nous ne serons jamais à court de travail de ce côté-là.
De votre point de vue, quels sont les grands défis de cette année ?
Pour moi, il s’agit avant tout de poursuivre le renforcement de KS/CS Communication Suisse en tant qu’association faîtière et véritable plate-forme d’échange pour l’ensemble de la branche. Nous suivrons également de près la loi sur les produits du tabac et les initiatives visant l’interdiction complète de la publicité sur le tabac. Nous voulons en effet que les citoyens soient mieux protégés, et ce grâce à l’information, l’éducation et la prévention plutôt qu’à travers des interdictions.
En tant que vice-président du groupe Corriere del Ticino et président de KS/CS Communication Suisse, comment évaluez-vous l’interaction future entre les médias et la publicité ?
Malheureusement, les médias – tout comme la politique en général – ne se rendent toujours pas compte que la publicité est essentielle autant au financement de ceux-ci qu’au développement économique du pays. Il nous reste encore beaucoup de travail à faire pour convaincre.
Terminons sur tout autre chose : le 22 décembre 2018, la première pierre de la future patinoire de la Valascia a été posée. Qu’est-ce que cela représente pour vous, en tant que président du HC Ambri-Piotta ?
Après des années de combat, je suis très heureux de ce succès d’étape. Même si nous sommes encore loin du but. Je m’en tiens à la sagesse qui dit : « Ne jamais abandonner, car parfois seule la dernière clé ouvre la porte ». Le hockey sur glace, c’est finalement comme la communication et la politique : chaque saison est un recommencement, mais qui s’appuie sur l’existant. Ici comme ailleurs, il est important de garder le public en haleine et de le motiver, encore et encore.
www.ks-cs.ch
Le parcours de Filippo Lombardi
Le vice-président du groupe Corriere del Ticino représente le Tessin au Conseil des États depuis 1999 et préside le groupe parlementaire PDC depuis 2014. Filippo Lombardi est président de KS/CS Communication Suisse depuis 2010 et co-dirige avec Natalie Rickli (UDC) et Matthias Aebischer (PS) l’intergroupe parlementaire « Médias et Communication commerciale ». Depuis 2009, l’homme politique passionné de hockey sur glace est également président du célèbre HC Ambri-Piotta. [/ASIDE]
Signature : Thomas Meier, chargé de communication de KS/CS Communication Suisse